Eleb-Harlé (Nicole)
Conception et coordination des projets urbains [pdf]
|
« La lecture de cet ouvrage technique, très bien illustré, incite à penser que la crise qui a secoué le marché immobilier a eu, somme toute, du bon. […] Les projets du départ sont corrigés, remaniés. Ils s’élaborent de manière plus collective. Une meilleure concertation a dû s’établir avec les partenaires économiques et politiques. […] Un art urbain, trop longtemps relégué aux oubliettes, s’est reconstitué. » Marie-Odile Terrenoire, Politis, 6 avril 2000.
« “La démarche de projet urbain, processus de réflexion collectif de concertation et de conception à des échelles pertinentes et articulées, a été mise en œuvre par de nombreux acteurs des villes et de l'aménagement, afin d'inscrire leur action dans la durée.”
À partir de cette définition, Nicole Eleb-Harlé propose une étude des grands projets français lancés dans les années quatre-vingt et quatre-vingt-dix, notamment Paris-Bercy, Paris-Rive gauche, la Plaine-Saint-Denis, Port-Marianne à Montpellier, Sextius-Mirabeau à Aix-en-Provence, Euralille. S'y ajoutent des situations exemplaires choisies dans les villes nouvelles, considérées comme le « creuset de l'aménagement urbain contemporain en France ». On trouve donc dans cet ouvrage - et c'est déjà beaucoup: l'analyse du « renouvellement des thèmes de l'art urbain », d'abord sur des sites neufs de villes nouvelles, puis dans des recompositions et reconstructions de quartiers existants; le passage des diverses échelles de conception urbaine à la conception architecturale, pour créer l'image du nouvel ensemble; la présentation des documents guides du projet (nommés plans directeurs) et du rôle de l'architecte coordinateur; l'ensemble appuyé par de nombreux entretiens et une importante documentation. […]
Le discours des architectes concepteurs et coordinateurs est très privilégié, au point de friser parfois l'hagiographie: « original », « judicieux », « pertinent », « cohérent », « souple », etc. sont des termes qui reviennent fréquemment sous la plume de l'auteur pour qualifier leurs interventions. Il est vrai que les villes nouvelles puis les grands projets ont révélé des équipes de talent, mais une certaine distance critique aurait sans doute aidé à expliquer des retards ou même les échecs de certaines réalisations. La crise économique par exemple, évoquée à propos de Sextius-Mirabeau, n'est pas seule fautive: le coût et la complexité de certaines propositions, la volonté de maîtrise totale du paysage urbain, des problèmes d'insertion dans l'agglomération, peuvent aussi bloquer le passage à l'acte.
Ces réserves ne retirent pas son intérêt à cette publication : la tâche était ardue, et il fallait s'y atteler. Et si l'auteur conclut par des enseignements tirés de l'histoire des grands projets – nécessité d'un apprentissage du travail en commun de différents métiers, d'une familiarité des élus avec les opérations d'envergure, de techniques de communication interactives à destination de la population, d'une multiplication des dispositifs partenariaux – , il nous faut maintenant attendre l'émergence de la prochaine génération, celle de la restructuration et du renouvellement urbain. »
Jean-Michel Roux, Urbanisme, n° 313, juillet-août 2000.