Préli (Georges)
La force du dehors – Maurice Blanchot
Extériorité, limite et non-pouvoir à partir de Maurice Blanchot
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Au-delà de la valeur littéraire d’une écriture, dont l’influence souterraine sur la littérature contemporaine est de plus en plus reconnue, au-delà de l’effort d’élucidation critique des essais, l’oeuvre de Maurice Blanchot, depuis Thomas l’obscur jusqu’à Discours sur la patience, ouvre une série de questions que notre époque se pose encore sous une forme confuse. Le parti pris de Blanchot pour la littérature a eu pour conséquence, voulue ou non, de constituer un dehors de l’oeuvre littéraire où, étroitement dépendant de l’écriture, s’édifiait un autre monde pour les hommes. Cet autre monde, dont nous parvient la rumeur prolixe et sourde, fût-il le produit d’une passion pour l’écriture, appartient à tous, à la communauté anonyme, mais à ce point piégé dans un rapport au langage et aux exigences dialectiques et sociales, qu’il est réduit au silence, et cela presque politiquement. C’est de ce monde recouvert que l’œuvre de Blanchot se fait l’écho. Le dehors, le neutre, l’incessant, l’immédiat, la dissolution du présent et du sujet, l’absence de livre, ces termes n’appartiennent pas seulement à l’espace littéraire, ils commencent aussi à dessiner le monde à venir. Mais peut-être est-ce à condition d’en parler comme « parle » la littérature, que ce monde viendra au jour. Ce monde exige de nous une adhésion agissante, dont la portée est politique, et s’exprimant sous le terme de non-pouvoir.
Thèmes : Littérature